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Climatisation écologique : un mirage ?
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Climatisation écologique : un mirage ?

ESG / RSEAmbition net zero
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Indispensable pour notre confort, mais fortement contributrice au réchauffement climatique, quel sort doit-on réserver à la climatisation ?
ESG / RSE
2025-05-20T00:00:00.000Z
fr-fr

Comme le souligne Vincent Viguié, chercheur au Centre international de recherche sur l’environnement et le développement, l’air conditionné incarne bien les dérives de l’adaptation mal pensée : « l’air conditionné est cet exemple emblématique de mal-adaptation : en se protégeant, on aggrave la situation » (source : Le Monde, 2023).

Pourquoi la climatisation n’a rien d’écologique ?

Le recours à la climatisation participe à l'intensification du problème environnemental, localement en élevant la température ambiante et globalement en générant des gaz à effet de serre.

Cela soulève des interrogations sur l'utilité de la climatisation, surtout dans certains pays où elle est beaucoup plus indispensable comme en Asie (source : Arte). 

Tout d’abord, comment fonctionne un climatiseur ?

Le fonctionnement d'un climatiseur peut être résumé à sa capacité à absorber l'air de votre logement pour ensuite le rejeter à l'extérieur. Mais le processus qui se cache derrière n’est pas si simple.

Le climatiseur fonctionne comme un réfrigérateur : il capte la chaleur de l’air intérieur pour la rejeter à l’extérieur. L’unité intérieure aspire l’air chaud, qui réchauffe un fluide spécial (le liquide frigorigène) le faisant passer à l’état de gaz. Ce gaz est ensuite compressé, refroidi dans l’unité extérieure, puis retransformé en liquide. La chaleur ainsi extraite est rejetée dehors, et le cycle recommence tant que l’appareil fonctionne (source : Daikin).

En 2021, 1,5 milliards d’unités de climatisation ont été installées dans le monde (source : Le Monde, 2023). 

D'ici 2050, la vente pourrait atteindre 5 500 milliards d'unités de climatiseurs vendues, dont la majorité serait destinée au continent asiatique, avec une prédominance pour la Chine et l'Inde (source : Statista, 2023). Ces deux pays subissent déjà d'importantes vagues de chaleur importantes.

L’impact environnemental de la climatisation 

10 climatiseurs seront vendus chaque seconde dans le monde d’ici 2050 (source : Novethic, 2018), 

En somme, produire de l’air frais si une planète qui se réchauffe revient à alimenter le réchauffement climatique. Ainsi, la climatisation engendre une multitude de problèmes environnementaux en cascade :

Épuisement des ressources
la fabrication des climatiseurs nécessite des métaux rares (cuivre, aluminium, terres rares) et des composants électroniques, accentuant la pression sur des ressources naturelles limitées pour des usages parfois non-nécessaires (climatiser une voiture à 25 degrés, climatiser un magasin, etc.).
Surconsommation électrique
les climatiseurs consomment une part de plus en plus grande d’électricité à hauteur de 10% de la consommation mondiale d’après Statista (2022) – au détriment d’autres usages plus essentiels (hôpital, école, etc.).
Dépendance aux énergies fossiles
Dans les pays où la demande sera la plus forte (Chine et Inde), l'électricité alimentant les climatiseurs provient majoritairement de centrales à charbon ou à gaz. Par exemple, le bouquet énergétique de la Chine est essentiellement composé de charbon.
Émission de gaz à effet de serre
Les fluides frigorigènes sont indispensables au fonctionnement du cycle de refroidissement. Cependant, en cas de fuite, ces gaz (HFC, CFC, etc.) ont un pouvoir de réchauffement global jusqu’à 4 000 fois supérieur à celui du CO₂, contribuant ainsi fortement aux émissions de gaz à effet de serre. D’après l’ADEME, 1 918 tonnes de HFC s’échappent annuellement des systèmes de climatisation français – ce qui équivaut à émettre 3,5 millions de tCO₂e dans l’atmosphère (source : ADEME, 2020).
Pollution
Les climatiseurs émettent des polluants dans l'atmosphère, à l'instar des oxydes d'azote (NOx), des oxydes de soufre (SOx) et des particules fines. En 2019, à l’échelle mondiale, les particules fines issues de l’usage des climatiseurs auraient causé environ 21 000 décès, selon une étude publiée dans The Lancet en 2021 (source : M. Romanello et al., 2021).
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L’impact social de la climatisation 

Sous son apparente solution, la climatisation aggrave le problème : elle protège les uns, exclut les autres et accentue leur exposition à la chaleur, tout en alimentant le dérèglement climatique.

Inégalités sociales (1)
l’usage intensif de la climatisation dans les pays développés accapare des ressources énergétiques qui pourraient répondre à des besoins essentiels (éclairage, réfrigération alimentaire, soins médicaux) dans les pays en développement.
Inégalités sociales (2)
les populations les plus exposées aux vagues de chaleur sont aussi celles qui ont le moins accès à la climatisation. Ce manque d’accès accroît les risques sanitaires, tandis que dans les pays riches, l’usage massif de la clim contribue à la crise climatique elle-même (source : M. Romanello et al., 2021).
Inégalité sociale (3)
en période de canicule, la demande électrique explose à cause de l’usage massif de la climatisation. Cette surcharge peut fragiliser le réseau et forcer à réduire d’autres usages prioritaires, comme l’alimentation des hôpitaux ou des infrastructures (e.g. fonctionnement des centrales nucléaires en France).
Inégalité sociale (4)
paradoxe évident, les climatiseurs refroidissent leurs utilisateurs… tout en réchauffant l’air autour d’eux, aggravant les îlots de chaleur urbains. Ce luxe accessible surtout aux plus aisés accroît les inégalités sociales : certains se protègent de la chaleur, tandis que les personnes vulnérables subissent une chaleur amplifiée.

Comment limiter l’impact de la climatisation ?

Les sociétés modernes atteignent les limites de l’organisation techno-centrée, car ces approches privilégient des réponses purement technologiques, souvent au détriment des dimensions humaines, sociales et environnementales plus complexes. (source : Arte).

À échelle individuelle et collective, plusieurs solutions peuvent être envisagées pour réduire l’impact de la climatisation :

Échelle collective
Rénover les passoires thermiques, peindre les bâtiments en blanc pour réfléchir la chaleur, enlever le bitume aux alentours des bâtiments permet d’abaisser la température de 3 à 4 °C (source : Arte) et végétaliser massivement. Ainsi, une façade végétalisée peut être d'environ 2 °C plus froide qu'une façade standard, ce qui réduit la température d'environ 3 °C (source : TEL - Thèses en ligne, 2013).
Échelle individuelle
Il est recommandé d’entretenir régulièrement les appareils d’une puissance de plus de 4 kW. En outre, l’usage de climatiseur mobile est à proscrire. Selon l’ADEME, cet équipement est jusqu’à 2,5 fois plus énergivore qu’un climatiseur fixe.
Échelle collective
Construire des bâtiments bioclimatiques avec des matériaux bio-sourcés et bas-carbone en installant des équipements à faible impact environnemental et fonctionnant aux énergies renouvelables.
Échelle individuelle
Tout d’abord, il est essentiel de se protéger efficacement grâce à de bonnes fenêtres et des volets pour limiter l’entrée de la chaleur. Ensuite, il convient de réduire les sources de chaleur intérieures en limitant l’utilisation du four et des autres équipements électriques.
Échelle collective
Encadrer l’usage de la climatisation grâce aux politiques publiques permet de limiter son impact environnemental (e.g le décret n° 2022‑1295 du 5 octobre 2022 en France qui interdit l’utilisation de la climatisation dans les commerces lorsque les portes restent ouvertes) – et encourage une utilisation plus responsable et sobre.
Échelle individuelle
Enfin, en cas de besoin, privilégier l’achat d’un climatiseur de classe énergétique A+++ tout en en modérant l’usage, le gouvernement français recommande de régler la température de consigne à 26 °C. Mettre son climatiseur en route à partir de 30 °C au lieu de 27 °C permet de diviser la consommation par trois.

Quelles sont les alternatives à la climatisation ?

À l’avenir, pourra-t-on se passer de la climatisation ? Pour Vincent Viguié, auteur d’une étude sur la climatisation en Ile-de-France réalisée pour le compte du CNRS, « dans un Paris à 50 °C, [son] usage deviendrait indispensable ». Mais il prévient : si tous les Franciliens l’utilisent, la chaleur rejetée pourrait augmenter la température extérieure de 2 °C – alimentant un cercle vicieux contre-productif (source : Le Monde, 2023).

Climatiseur nouvelle génération : quelle promesse ?

Pour ce qui est des engins motorisés, le climatiseur air-air est vendu comme une solution écologique avec un excellent coefficient de performance énergétique, produisant 3 à 5 fois plus de froid que l'électricité consommée grâce à la pompe à chaleur réversible. Attention toutefois, son efficacité opérationnelle ne doit pas masquer son coût environnemental et social caché :

  • ❌fabrication énergivore nécessitant cuivre, aluminium et composants électroniques ; 
  • ❌fluides frigorigènes HFC au pouvoir réchauffant colossal ;
  • ❌consommation électrique massive qui sature les réseaux…;
  • ❌augmentation de l’effet d’îlots de chaleur urbains en rejetant la chaleur extraite des bâtiments, amplifiant le réchauffement des villes…

Il est donc essentiel de rechercher d'autres alternatives à faible consommation énergétique et basées sur le carbone pour substituer la climatisation. Cela dit, un nombre croissant de solutions basées sur la nature sont mises au point pour apporter du frais à nos espaces. 

Voici trois innovations qui sont actuellement en cours d’étude ou déjà en phase de test pour le refroidissement d’infrastructures :

Exploiter la géothermie : plus complexe à installer, le puits climatique exploite l'inertie thermique du sol par des canalisations enterrées entre 1,5 et 3 mètres de profondeur, où la température reste stable autour de 12-15°C. L'air extérieur circule dans ce réseau souterrain et ressort naturellement rafraîchi de 5 à 8°C, sans consommation énergétique significative hormis la ventilation (source : Geothermies.fr).

La climatisation adiabatique : cette technique millénaire consiste à refroidir l'air par évaporation d'eau : un ventilateur aspire l'air chaud à travers des filtres constamment humidifiés, l'évaporation absorbant la chaleur ambiante. Efficace uniquement par climat sec, ce système consomme peu d'électricité mais nécessite un approvisionnement en eau continue.

Réseaux de froid urbains : à Paris, le réseau Fraîcheur de Paris utilise l'eau de Seine pour alimenter un système de refroidissement urbain desservant le Louvre, l'Opéra ou La Défense (source : Fraîcheur de Paris). Cette infrastructure mutualisée divise par trois la consommation énergétique comparée aux climatiseurs individuels, en exploitant les calories de la rivière via des échangeurs thermiques.

Quel est le climatiseur le plus écologique ?

Le ventilateur s'impose comme la solution de refroidissement la plus écologique par sa simplicité radicale

Un ventilateur électrique nécessite 30 à 50 fois moins d'énergie qu'un climatiseur pour fonctionner (source : Futura-sciences.com, 2023).
🔎Pourquoi le ventilateur est la solution la plus écologique ? Sa fabrication nécessite uniquement un moteur électrique basique, des pales en plastique ou métal et un boîtier, sans fluides frigorigènes toxiques ni circuits complexes. Sa durée de vie dépasse souvent 15 ans avec un entretien minimal, et son recyclage pose peu de défis techniques. Le ventilateur ne refroidit pas l'air mais crée une sensation de fraîcheur par évaporation cutanée, consommant une énergie dérisoire pour un confort immédiat.

Comment faire une climatisation naturelle ?

Pour faire une climatisation naturelle chez soi, plusieurs solutions s’offrent à vous, telles que :

Isolation thermique
En savoir +
L'isolation thermique du logement est la solution n°1 car elle empêche la chaleur extérieure de pénétrer en été et retient la fraîcheur intérieure, réduisant ainsi le besoin de climatisation.
Protections naturelles
En savoir +
Les protections solaires externes naturelles (pergolas, volets, stores) bloquent en grande partie la chaleur avant qu'elle n'atteigne les vitrages, bien plus efficacement que les protections intérieures.
L’eau, un allié
En savoir +
L’eau rafraîchit l’air par évaporation : bassins, fontaines, brumisateurs ou linges humides suspendus refroidissent naturellement... On peut aussi placer des bouteilles glacées devant un ventilateur ou utiliser un bac d’eau gelée pour rafraîchir l’air (source : Effy).
Peindre les murs
En savoir +
Peindre les murs en couleur claire est une technique qui permet naturellement de réfléchir la lumière solaire au lieu de l’absorber (e.g. le noir), ce qui réduit la chaleur emmagasinée par les surfaces.
Végétaliser massivement
En savoir +
La pousse de plantes grimpantes afin de créer une barrière végétale qui ombrage les murs, limite l’échauffement et améliore naturellement la fraîcheur de l’air.

Qu’ils soient utilisés seuls ou combinés, ces dispositifs apportent un rafraîchissement supplémentaire efficace tout en consommant très peu d’énergie.

Bibliographie

Le paradoxe de la climatisation : de plus en plus nécessaire, elle aggrave le réchauffement, Le Monde, 2023, https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/08/20/le-paradoxe-de-la-climatisation-de-plus-en-plus-necessaire-elle-aggrave-le-rechauffement

Climatisation : la demande mondiale pourrait doubler d'ici 2040, Statista, 2022, https://fr.statista.com/infographie/18487/evolution-nombre-climatiseurs-dans-le-monde-demande-mondiale-en-climatisation

Comment fonctionne un climatiseur, Daikin, https://www.daikin.be/fr_be/faq/comment-fonctionne-un-climatiseur.html

The Future of Cooling, IEA, 2018, https://www.iea.org/reports/the-future-of-cooling

Sophie Bessis / Émissions de CO2 : la climatisation en cause (26/03/2025), 28 minutes - Le magazine d’actualité, Arte, https://www.arte.tv/fr/videos/119476-151-A/28-minutes/

La climatisation de confort dans les bâtiments résidentiels et tertiaires, ADEME, 2020, https://librairie.ademe.fr/module/sldademeproduct/attachments?action=downloadAttachments&productId=4745

The 2021 report of the Lancet Countdown on health and climate change: code red for a healthy future, M. Romanello et al., The Lancet, 2021, https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(21)01787-6/fulltext

[LE CHIFFRE] 10 climatiseurs seront vendus chaque seconde dans le monde d’ici 2050, Novethic, 2018, https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/le-chiffre-10-climatiseurs-seront-vendus-chaque-seconde-dans-le-monde-d-ici-2050-145849.html

Impacts des enveloppes végétales à l'interface bâtiment …, TEL - Thèses en ligne, 2013, https://theses.hal.science/tel-01141046/file/2013Djedjig52944.pdf

Comment créer un climatiseur maison en quelques minutes, Effy, https://www.effy.fr/travaux-energetique/comment-faire-un-climatiseur-maison

Air conditionné ou ventilateur, comment choisir ?, Futura-sciences.com, 2023, https://www.futura-sciences.com/maison/questions-reponses/climatisation-air-conditionne-ventilateur-choisir-15817/

PERFORMANCES DES PUITS CLIMATIQUES, Geothermies.fr, https://www.geothermies.fr/sites/default/files/inline-files/Performances%20des%20puits%20climatique-%20suivis%20instrument%C3%A9%20et%20simulations.pdf

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