
Comprendre la taxonomie verte
La taxonomie européenne compte parmi les outils devant permettre à l'UE d'atteindre la neutralité carbone en 2050. Mais en quoi consiste-t-elle ?
ESG / RSE
Secteurs d'activité



Ce qui se passe à l'intérieur d'une centrale nucléaire
Le nombre de réacteurs actuellement opérationnels dans le monde
La raison pour laquelle l'attention se concentre désormais sur les fameux "EPR 2"

Une centrale nucléaire est une usine où on produit de l’électricité par l'intermédiaire de la fission nucléaire.
Pour ceux et celles qui ignoreraient ce qu'est la fission nucléaire, commençons par rappeler que tout ce qui nous entoure est composé d’atomes. Ces fameux atomes possèdent tous un noyau, lequel peut produire une grande quantité d'énergie lorsqu'il explose. C'est tout le principe de la fission nucléaire.
La fission nucléaire implique nécessairement l’usage d’uranium, un élément constitué d’atomes lourds instables issus de certaines roches. Toutefois, seul l'uranium 235 est fissible. C’est donc celui utilisé par les centrales nucléaires.
L'énergie dégagée par la fission nucléaire est tout bonnement gigantesque. Pour se faire une idée, 1 gramme d'uranium 235 libère autant d'énergie que la combustion de plusieurs tonnes de charbon. Les neutrons libérés disposent d'ailleurs eux-mêmes d'une très grande énergie. Ralentis, ils peuvent provoquer de nouvelles fissions. Au sein d'un réacteur nucléaire, la réaction s'auto-entretient.
Attention à ne pas confondre centrale nucléaire et réacteur nucléaire, ce n'est pas la même chose ! Une centrale nucléaire désigne l’ensemble d’un site nucléaire, au sein duquel on trouve un ou plusieurs réacteurs nucléaires. Cette distinction est importante, notamment pour le comptage des centrales ou réacteurs nucléaires existants ou à venir. Sachez ainsi qu'en 2025, à l'échelle mondiale, l'IAEA compte 416 réacteurs nucléaires en service, répartis entre 170 centrales.
Le recours à l'énergie nucléaire prête à débat depuis des décennies. Au premier rang des préoccupations des anti-nucléaires : la dangerosité de cette énergie. Une dangerosité évidemment relativisée par les pro-nucléaires.
En toute objectivité, l'équation n'est pas simple. Notamment à l'heure du réchauffement climatique, alors que la nécessité d'abandonner les énergies fossiles se fait aussi pressante. Sans parler du fait que l'immensité de nos besoins en matière d'énergie ne semble pas compatible avec un recours exclusif aux énergies renouvelables. D'un autre côté, les conséquences des incidents de Tchernobyl et Fukushima - sans parler des bombardements à proximité de Zaporijia - ont largement illustré les menaces induites par l'exploitation du nucléaire.
Pour en savoir plus sur le débat autour de l'énergie nucléaire, n'hésitez pas à consulter notre article dédié.

Le fonctionnement d'une centrale nucléaire repose sur l'interaction entre trois circuits : le circuit primaire, secondaire et de refroidissement.
Le circuit primaire est un circuit fermé au sein duquel se trouve le réacteur. À l'intérieur du circuit primaire, la fission des atomes d'uranium génère une grande quantité de chaleur. Celle-ci permet de faire grimper la température de l'eau qui circule autour du réacteur à pas moins de 320 °C.
Le circuit secondaire est lui aussi un circuit fermé, avec lequel le circuit primaire communique toutefois via un générateur de vapeur. À ce stade, l'eau chaude issue du circuit primaire chauffe l'eau du circuit secondaire et la transforme en vapeur. La pression de cette vapeur enclenche une turbine, laquelle enclenche à son tour un alternateur qui produit un courant électrique alternatif.
Une fois hors de la turbine, la vapeur se voit à nouveau transformée en eau via un condenseur dans lequel circule justement de l'eau froide en provenance d'une source extérieure (fleuve, mer, etc.).
En fonction du débit de cette source extérieure, la centrale nucléaire présentera ou non une tour aéroréfrigérante. Il existe deux types de système de refroidissement :
En 2025, l'IAEA compte 416 réacteurs nucléaires opérationnels dans le monde, dont :
Connaissance des énergies
29 septembre 2025
Les "centrales nucléaires nouvelle génération" (dites "évolutionnaires") désignent les réacteurs nucléaires de troisième génération.
Leur conception repose sur celle de deux types de réacteurs existants : les NA français et les Konvoi allemands.
Ce modèle jugé plus sûr et performant est construit pour une durée de fonctionnement de 60 ans - contre 40 ans pour les réacteurs actuels.
L'élaboration de la technologie EPR repose sur le fonctionnement des centrales nucléaires antérieures. Divisée en plusieurs catégories, chaque génération s'illustre évidemment par des avancées technologiques en matière de fonctionnement, de sûreté ou de cycle de combustible, tout en répondant aux critères d'exigences de sa propre époque.
Leurs caractéristiques sont les suivantes :
Les réacteurs de troisième génération sont supposés être plus respectueux de l'environnement et plus compétitifs que leurs prédécesseurs.

Plus puissante, la centrale nucléaire troisième génération atteint une capacité de production de 1 650 mégawatts - contre 1 450 MW pour les modèles les plus récents construits en France. La fission nucléaire et l'eau sous pression permettent de produire 22 % d'électricité supplémentaire par rapport à un réacteur traditionnel. En définitive, la production annuelle d'une centrale est de l'ordre de 13 TWh.
Le rendement thermique s'élève à 37 % contre 33 % pour les réacteurs de deuxième génération. Une performance rendue possible grâce à l'augmentation de la pression du circuit secondaire - passant de 65 à 78 bars.
Il faut rappeler qu'en 1998, l'Allemagne a abandonné le développement de l'énergie nucléaire.
Dans l'optique de sortir de terre une infrastructure plus sécurisée, les créateurs de ce réacteur nucléaire nouvelle génération ont tiré les enseignements des accidents nucléaires précédents - à l'image de Tchernobyl en Ukraine et de Three Mile Island aux États-Unis.
Selon les informations issues de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, une centrale nucléaire troisième génération dotée de la technologie EPR est composée :
Ces éléments doivent permettre de réduire le risque d'accident nucléaire grave (qu'il soit accidentel ou intentionnel) et de protéger la population.
Conçus et développés dans les années 1990, ces réacteurs EPR mettent à profit des technologies plus récentes, plus sûres et produisent moins de déchets.
Par kWh produit, ce type de centrale nucléaire consommerait 7 à 15 % d'uranium en moins que les réacteurs de seconde génération. De plus, l'EPR serait en mesure d'utiliser 100 % de combustibles MOX recyclés (un mélange d'oxydes d'uranium et de plutonium), permettant de réduire de 10 % la quantité de déchets à vie longue produite par kWh.
Concernant son empreinte carbone, la taxonomie considère ce type d'infrastructure comme une énergie verte de par ses faibles émissions de CO₂. À titre d'illustration, les EPR déjà en service en Chine et au Royaume-Uni évitent respectivement le rejet de 21 et de 18 millions de tonnes de CO₂ par an.
Enfin, selon les calculs de sûreté, le rejet significatif de radioactivité dans l'atmosphère en cas d'accident majeur est dix fois plus faible qu'avec les réacteurs nucléaires actuels. Concernant les sols, le réacteur est fixé sur une plaque de béton de six mètres d'épaisseur - "un récupérateur de corium". Celle-ci protège le sol de la pollution provoquée par une fuite de matière nucléaire, suite à un accident de fusion du cœur.
Le nucléaire pourrait permettre de réduire la dépendance de la France vis-à-vis de pays tiers. Les EPR ont vocation à progressivement remplacer les réacteurs installés dans les années 80, avant d'être eux-mêmes remplacés par des EPR 2.
Toutefois il est à noter que l'uranium nécessaire au fonctionnement d'une centrale nucléaire deuxième ou troisième génération est importé à 100 %. La répartition exacte de ces importations n'est pas connue de manière précise, mais elles proviendraient notamment des mines d’Arlit au Niger et de Muyunkum et Tortkuduk au Kazakshtan. À titre indicatif, sachez que les pays ayant extrait le plus d'uranium naturel de leurs mines en 2022 sont le Kazakhstan (43 % de la production mondiale), le Canada (14,9 %), la Namibie (11,4 %), l'Australie (9,2 %), l'Ouzbékistan (6,7 %) et la Russie (5,1 %).
Selon les scénarios élaborés par le gestionnaire du Réseau de Transport d'Électricité français (RTE) pour atteindre la neutralité carbone en 2050, la mise en service de 14 EPR permettrait :
La tranche 3 de la centrale nucléaire de Flamanville - située dans La Manche - est le seul EPR existant en France. Après 17 ans de chantier, il a été raccordé au réseau électrique national le 21 décembre 2024.
Il existe trois autres EPR en service dans le monde : deux sont situés en Chine (à Taishan plus précisément) et un en Finlande (sur l’île d’Olkiluoto).
Deux réacteurs nucléaires sont actuellement en construction à Hinkley Point, dans le sud-ouest du Royaume-Uni.
Surnommés les EPR 2 (ou “EPR NM” pour “Nouveau Modèle”), ces centrales sont seulement des formats encore plus évolués des EPR.
Les membres du Forum international Génération IV ont retenu six technologies pouvant être utilisées par ce type de réacteur :
En bref, ce nouveau type de centrale conserve le fonctionnement de l'EPR initial, mais s'avère a priori encore plus sécurisé, abordable, simple à construire, performant et économe en combustible.
Les réacteurs nucléaires de quatrième génération devraient entrer en fonctionnement entre 2040 et 2050.
Lors de sa campagne de 2022, Emmanuel Macron partageait son souhait de relancer la filière nucléaire en France avec la construction de six réacteurs EPR 2 d'ici 2050. Deux devraient voir le jour à Penly, deux à Gravelines et deux dans la vallée du Rhône (l'ajout de deux EPR dans la centrale nucléaire de Cattenom en Moselle ayant été refusé par le gouvernement français).
Cette promesse a fait l'objet d'une loi promulguée le 22 juin 2023, visant à accélérer le chantier en allégeant temporairement (pendant 20 ans) certaines procédures administratives. Ainsi, les réacteurs nucléaires se verront attribuer le statut de priorité politique absolue leur permettant d'être reconnus d'intérêt public majeur. Ce statut permet aux infrastructures d'échapper à certaines dispositions du Code de l'environnement et à la loi littoral.
En l'état, le chantier de ces EPR 2 débuterait en 2027 ou 2028, pour une exploitation du premier réacteur espérée aux alentours de 2035 (peut-être plus tard). En janvier 2025, la Cour des Comptes a cependant émis de sérieuses réserves dans l'attente de la sécurisation du financement de ce projet et de la réalisation d'études de conception plus poussées. À long terme, le gouvernement envisage la construction de huit réacteurs supplémentaires. L'objectif étant de sortir des énergies fossiles et de contribuer à l'atteinte de la neutralité carbone en 2050. Toujours dans cette optique, en décembre 2023, Emmanuel Macron a annoncé le lancement de 8 projets de SMR (Small Modular Reactor) dans le cadre du plan France 2030.
Les SMR et les AMR (Advanced Modular Reactor) sont des petits réacteurs modulaires de faible puissance (entre 20 et 300 MWe par unité). Ils sont généralement considérés comme complémentaires des réacteurs de grande à moyenne puissance.