
Neutralité carbone : pourquoi et comment l'atteindre ?
Pour respecter les objectifs fixés par l'Accord de Paris, nous devrions atteindre la neutralité carbone à l’échelle planétaire à horizon 2050. Mais pourquoi ?
ESG / RSE
Secteurs d'activité




Mais contrairement à ce qu'on dit parfois, ce phénomène n'est pas nécessairement lié à l'activité humaine. Au fil de son histoire, notre planète a connu d'autres réchauffements climatiques que celui dont nous parlons à l'heure actuelle. Des réchauffements qui n'étaient pas liés à l'Homme, pour la bonne et simple raison que celui-ci n'existait pas.

On distingue deux formes d'effet de serre :
L'effet de serre naturel est perturbé par l'effet de serre d'origine humaine. Notre planète n'est pas capable d'absorber et de réguler autant de gaz à effet de serre que nous en émettons aujourd'hui. C'est la raison pour laquelle ces derniers atteignent des niveaux records, jamais connus en près de trois millions d'années. Et ça n'est pas sans conséquence sur la température du globe.
Depuis le début du XXe siècle, la température terrestre a augmenté de 1,1 °C, et la période 2011-2020 a été la plus chaude jamais enregistrée. Si nous connaissons encore parfois des épisodes de froid extrêmes (en Chine notamment, avec - 48 °C en décembre 2023), la température moyenne à la surface du globe augmente de manière continue.
Cette question mérite d'autant plus d'être posée qu'il nous est incroyablement difficile de réagir efficacement. Tous autant que nous sommes : représentant(e)s politiques, entreprises, personnalités publiques, citoyen(ne)s...
Pour beaucoup - notamment en Europe - nous sommes intellectuellement d'accord sur la nécessité d'apporter une réponse au problème climatique. Mais lorsqu'il s'agit d'acter des changements significatifs dans notre manière de fonctionner, les choses se compliquent d'emblée. Mais pourquoi donc ? Pourquoi est-ce si difficile ?
The Shift Project, "Climat, crises : Le plan de transformation de l'économie française"
Éditions Odile Jacob
The Shift Project, "Climat, crises : Le plan de transformation de l'économie française"
Éditions Odile Jacob
Nous générons des gaz à effet de serre en permanence via l'ensemble de nos activités, dont la grande majorité sont rendues possibles par l'extraction et l'exploitation des énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon) présentes dans les sous-sols de la Terre.
Les usages qui nous conduisent le plus massivement à cette exploitation sont :
Ce qui est tristement ironique, c'est que nos ancêtres croyaient sans doute sincèrement que l'exploitation de telles énergies allaient permettre à notre société d'évoluer positivement, à une époque où le confort était loin d'être celui qu'il est aujourd'hui.
The Shift Project, "Climat, crises : Le plan de transformation de l'économie française"
Éditions Odile Jacob


Le dioxyde de carbone (CO₂) a maintenant très mauvaise presse. Mais il faut savoir que nous émettons du dioxyde de carbone rien qu'en respirant.
National Geographic
Média spécialisé dans la science et l'exploration
Et la nature faisant bien les choses, le système de notre planète, tel qu'il existait au départ, avait été conçu pour que les quantités de CO₂ ne dépassent pas ce qui relève du nécessaire. Comment ? Par l'intermédiaire des puits de carbone.
Nos forêts, nos océans et d'autres éléments présents au sein de nos écosystèmes absorbent naturellement du CO₂. Une réalité faisant d'eux des "puits de carbone naturels".
GEO
Magazine mensuel
La déforestation, de son côté, aggrave encore le problème. Elle est principalement liée :
L'élevage intensif de bétail produit des gaz à effet de serre en très grande quantité (en particulier du méthane (CH₄)) - lorsque les animaux digèrent leur nourriture, mais pas que.
Dans la pratique, des gaz à effet de serre sont également libérés lorsque :

| Les conséquences | Ce qu'il se passe |
|---|---|
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L'augmentation des températures moyennes...
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avec des vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses. Les régions arides et méditerranéennes sont particulièrement touchées, mais elles ne sont pas les seules, loin de là. Les sécheresses se prolongent, ce qui affecte les sols, l’agriculture et la biodiversité. |
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La fonte des glaces et l'élévation du niveau de la mer...
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qui menace désormais des villes côtières telles que Miami, et des petits États insulaires comme les Maldives. |
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La perturbation des écosystèmes...
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caractérisée par la migration forcée ou l'extinction des espèces terrestres ou marines touchées, la perturbation des équilibres naturels, une perte de biodiversité et des conséquences en cascade pour les chaînes alimentaires impactées. |
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L'acidification des océans...
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car le dioxyde de carbone absorbé par les océans modifie leur pH. Les récifs coralliens, qui abritent 25 % des espèces marines, en souffrent et mettent en péril la biodiversité marine. |
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Les événements climatiques extrêmes...
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avec l'augmentation du nombre, de la fréquence et de l'intensité de ces événements climatiques extrêmes comme les tempêtes, les ouragans, les inondations et les incendies qui causent à la fois des pertes humaines, des pertes d'infrastructures vitales et même la perte de certains écosystèmes. |
The Shift Project
Groupe de réflexion centrer sur les défis climat-énergie
| Les conséquences | Ce qu'il se passe |
|---|---|
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Les migrations climatiques forcées...
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lesquelles entraînent évidemment des tensions au sein des zones d'accueil, où les infrastructures et les ressources locales sont souvent insuffisantes pour gérer ces nouveaux arrivants. |
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L'insécurité alimentaire...
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liée aux sécheresses, inondations et au dérèglement des saisons agricoles. La production de nourriture se trouve ainsi perturbée, ce qui est un problème en général, mais un problème aux conséquences autrement plus dramatiques lorsqu'il intervient dans des zones plus vulnérables que d'autres, comme en Afrique. |
|
Les conflits de ressources...
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notamment dans les régions comme le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, où la raréfaction de l'eau entraîne des conflits entre communautés, voire exacerbe les tensions existantes. |
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La perte du patrimoine culturel...
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car les sites historiques et les lieux sacrés ne sont pas davantage protégés des catastrophes climatiques que le reste du monde. L’héritage culturel de l'Humanité et la transmission de certaines traditions se trouvent ainsi menacés. |
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La réduction de la qualité de vie...
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liée à la multiplication des extrêmes climatiques voire des catastrophes naturelles. Que ceux-ci aient des répercussions directes (une augmentation de la température au sein du logement) ou indirectes (la raréfaction des ressources à disposition), ils réduisent le bien-être général et provoquent des pertes financières importantes lorsqu'un désastre d'une quelconque nature en vient à endommager les infrastructures existantes. |
| Les conséquences | Ce qu'il se passe |
|---|---|
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La propagation de maladies...
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telles que le chikungunya, car leurs vecteurs (les moustiques) colonisent de nouvelles zones géographiques rendues plus chaudes. Des régions autrefois préservées, comme certaines parties d’Europe, sont désormais exposées. |
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Des problèmes d'ordre respiratoire...
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car la hausse des températures et de la pollution de l'air aggravent l'ozone troposphérique, responsable d'affections respiratoires, particulièrement chez les enfants et les personnes âgées. |
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Du stress thermique...
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notamment lié aux vagues de chaleur qui augmentent le risque de coup de chaleur et de déshydratation, particulièrement dangereux pour les travailleurs en extérieur, les sportifs et les populations vulnérables. |
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Une détérioration de la santé mentale...
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induite par les conditions climatiques et les traumatismes liés aux pertes matérielles, aux déplacements forcés et aux catastrophes à répétition. Ces derniers accentuent les symptômes d'anxiété, de dépression et de stress post-traumatique au sein des communautés touchées. |
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Un déficit nutritionnel...
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lié aux rendements agricoles en baisse, à la difficulté d'accès aux aliments frais et nutritifs et aux carences alimentaires affectant principalement les populations à faible revenu. Les enfants et les personnes âgées sont les plus susceptibles de souffrir de malnutrition. |
| Les conséquences | Ce qu'il se passe |
|---|---|
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Des coûts de reconstruction et/ou de réhabilitation...
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après chaque événement climatique extrême. Les incendies canadiens de l'été 2023 auraient ainsi coûté près d'un milliard de dollars. Autant de dépenses qui pèsent sur les budgets publics et ralentissent les autres investissements essentiels. |
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Des pertes agricoles et viticoles...
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car les conditions climatiques affectent la stabilité des cultures et des revenus, ce qui entraîne par ailleurs une hausse du coût des aliments. Les petits producteurs sont bien sûr particulièrement touchés, ayant moins de moyens pour s’adapter aux aléas climatiques. |
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La hausse des coûts de santé...
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du fait de la multiplication des maladies liées au changement climatique. De fait, les systèmes de santé doivent investir davantage dans la prévention et le traitement des affections respiratoires, vectorielles, et des troubles liés au stress. |
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Des pertes pour le secteur du tourisme...
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qui voit ses sources de revenus (à l'image des stations de ski) menacées. |
| Les conséquences | Ce qu'il se passe |
|---|---|
L'augmentation des tensions géopolitiques... |
du fait des luttes pour l'accès aux ressources. C'est le cas dans l'Arctique, par exemple, car ses ressources naturelles (pétrole et gaz) sont très convoitées. |
Des défis en matière de gouvernance mondiale... |
car les pays les plus touchés par le changement climatique (souvent en voie de développement) demandent davantage de soutien financier et technologique aux pays riches. Or la question de la responsabilité climatique pèse beaucoup maintenant dans le cadre des négociations internationales. |
L'apparition de nouvelles pressions en matière d'adaptation... |
et de résilience. Les gouvernements sont appelés à renforcer les infrastructures pour résister aux catastrophes naturelles, ce qui représente un investissement important. |
Une forte mobilisation sociale... |
initiée tout particulièrement par les citoyens les plus jeunes, qui appellent à des actions climatiques plus ambitieuses. Ces mouvements influencent les choix politiques et obligent certains gouvernements à adopter des lois environnementales et pas toujours bien acceptées du reste de la société pour des motifs divers (la taxe carbone en fut, à ce titre, un exemple criant). |
Un appel à la révision des politiques migratoires... |
du fait de l’augmentation du nombre de réfugiés climatiques. À l'échelle mondiale, sur 7,8 milliards d'humains, 3,3 à 3,6 milliards d'entre eux sont considérés comme vulnérables au changement climatique. |
Courrier international
Hebdomadaire français d'information
NATO Review
OTAN
Bien sûr et fort heureusement, certaines organisations - en collaboration avec de nombreux États - ont travaillé à développer des solutions pour tenter d'inverser la tendance.

Ces deux approches sont absolument indissociables.

D'une manière générale, l'urgence absolue consiste :
Nathalie Cabrol, dans "À l'aube de nouveaux horizons" (Editions du Seuil)
Astrobiologiste