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Course à l'IA : la France peut-elle exister sans perdre son âme ?
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Course à l'IA : la France peut-elle exister sans perdre son âme ?

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Alors que l'Intelligence Artificielle (IA) est en plein boom, la France dévoile un plan d'investissement historique de 110 milliards d'euros.
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2025-02-13T00:00:00.000Z
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Face à la domination de ChatGPT et à l'offensive technologique chinoise avec DeepSeek, la France dévoile un plan d'investissement historique de 110 milliards d'euros.

Une initiative qui soulève des questions cruciales sur la compatibilité entre souveraineté numérique et transition écologique, alors que l'IA s'impose comme l'une des industries les plus énergivores au monde.

La course mondiale à l'IA : une fuite en avant technologique

Le constat est sans appel : l'Europe décroche.

Dans son rapport remis à la Commission européenne fin 2024, Mario Draghi dresse un tableau alarmant de la situation du continent, "piégé dans une trappe à technologie moyenne". Une dépendance croissante qui menace non seulement la souveraineté numérique européenne, mais aussi sa capacité à peser dans l'échiquier mondial.

Dans cette course effrénée, les États-Unis frappent fort.

Le projet Stargate, porté par Donald Trump, mobilise 500 milliards de dollars d'investissements, dont 150 milliards pour les infrastructures physiques (data centers, usines de fabrication de puces, supercalculateurs) et 350 milliards pour le développement logiciel et l'optimisation des modèles d'IA. Ce programme colossal est soutenu par OpenAI, Oracle et SoftBank, qui y voient l’opportunité d’étendre leur domination sur le marché mondial de l’intelligence artificielle.

Cette offensive massive éclipse de fait le plan climat de Joe Biden, qui prévoyait 370 milliards de dollars d’investissements pour la transition énergétique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Face à cette démonstration de force, Pékin réplique : DeepSeek, sa réponse à ChatGPT, promet une efficacité énergétique accrue et bénéficie d’un financement massif pour renforcer l’indépendance technologique chinoise.

Dans ce contexte, la France tente une approche différente. Aux côtés de la Chine et de l'Inde, Paris s'engage dans un pacte pour une IA durable, cherchant à concilier innovation technologique et responsabilité environnementale.
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L'impact énergétique de l'IA : un défi mondial

Les chiffres donnent le vertige.

Si ChatGPT devait traiter autant de requêtes que Google - soit 8,5 milliards par jour -, la consommation énergétique dépasserait les capacités mondiales actuelles. Aujourd'hui déjà, les data centers d'IA engloutissent 2 % de l'électricité mondiale, une proportion qui pourrait grimper jusqu'à 4 % d'ici 2030 selon France Info.

L'empreinte environnementale de l'IA ne se limite pas à sa phase d'entraînement.

Plus inquiétant encore, 60 à 70 % de la consommation énergétique provient de l'utilisation quotidienne des modèles. ChatGPT-3, avec ses 175 milliards de paramètres, consomme l'équivalent des émissions annuelles de 112 voitures à essence. Sans parler de l'empreinte hydrique : un simple email de 100 mots généré par ChatGPT-4 nécessite plus de 500 millilitres d'eau pour le refroidissement des serveurs.

Tâche IA Énergie par 1 000 requêtes (kWh) Émissions CO₂e par 1 000 requêtes Équivalent énergétique
Classification de texte 0,002 ~0,3 g CO₂e 💡 1 ampoule LED allumée pendant 10 min
Génération de texte 0,047 ~7,5 g CO₂e 📱 Charger un smartphone 5 fois
Résumé de texte 0,049 ~8 g CO₂e 📺 2 heures de TV LED
Classification d'images 0,007 ~1,1 g CO₂e 🍵 Faire bouillir de l'eau pour un thé
Détection d'objets 0,038 ~6,1 g CO₂e 🧹 30 minutes d'aspirateur
Génération d'images 2,9 1 594 g CO₂e 🚗 4,1 km parcourus en voiture thermique

La rencontre entre Alexis Normand, PDG de Greenly, et Sam Altman d'OpenAI illustre le décalage entre ambitions affichées et réalité du terrain.

À la question cruciale du poids de l'empreinte carbone au sein de leur modèle, la réponse du patron d'OpenAI reste évasive : "Frankly, not a lot!".

En parallèle, les émissions des géants du cloud ont bondi de 30 % en 2024, malgré leurs engagements climatiques.

Et la France dans tout ça ?

L'Hexagone fait face à un risque réel de décrochage technologique.

La dépendance aux infrastructures étrangères est criante : la majorité des données stratégiques françaises transitent par les clouds américains - AWS, Microsoft Azure, Google Cloud.

Une situation que le plan de 110 milliards d'euros d'Emmanuel Macron entend corriger.

Le président français mise sur "l'avantage unique au monde de l'énergie décarbonée nucléaire" pour positionner le pays dans la course mondiale. Une stratégie qui soulève autant d'espoirs que de questions sur sa viabilité à long terme.

Le plan de la France pour mettre en place une IA durable

Face au défi titanesque de la transition numérique, la France dispose d'un atout majeur : son mix énergétique largement décarboné.

Cette spécificité française, fruit d'années d'investissements dans le nucléaire et les énergies renouvelables, pourrait bien devenir la clé de voûte d'une stratégie nationale en matière d'intelligence artificielle responsable.

Il est urgent de repenser notre modèle technologique pour qu'il ne soit pas un fardeau pour l'environnement, souligne la ministre de la Transition énergétique lors du Sommet de l'IA.

Une déclaration qui s'accompagne d'actions concrètes : optimisation des algorithmes, déploiement de data centers alimentés par des énergies décarbonées, et réglementations favorisant l'adoption de technologies sobres en énergie.

L'ambition française ne s'arrête pas là, cependant.

Le pays souhaite investir massivement dans la recherche d'architectures informatiques innovantes, notamment les processeurs spécialisés (TPU, FPGA), capables de réduire significativement la consommation énergétique des systèmes d'IA.

Une approche qui pourrait positionner l'Hexagone comme pionnier d'une technologie alliant performance et responsabilité environnementale.

Une IA durable... vraiment ?

Derrière les promesses d'une IA vertueuse se cachent des défis colossaux.

Jean-Marc Jancovici, figure de proue de la transition énergétique, pointe du doigt une réalité souvent occultée.

On investit massivement dans l'IA sans se demander si nous avons l'énergie pour la soutenir sur le long terme. L'électricité ne tombe pas du ciel, rappelle-t-il avec gravité.

L'exemple irlandais résonne comme un avertissement : la multiplication des data centers sur l'île a provoqué une crise énergétique sans précédent, mettant en péril l'approvisionnement des foyers.

Aux États-Unis, une enquête de Bloomberg révèle des tensions croissantes entre communautés locales et géants du numérique, particulièrement dans les zones rurales où l'installation d'infrastructures massives fait flamber les factures d'électricité.

La France, prise dans cette course mondiale à l'IA, semble davantage subir que maîtriser sa trajectoire technologique. Entre la compétition sino-américaine et les impératifs de souveraineté numérique, le pays cherche sa voie, non sans difficultés.

Technologie et écologie, un équilibre à trouver

L'avenir de l'IA française se trouve à la croisée des chemins.

Si le pays veut réussir son pari d'une intelligence artificielle durable, il devra éviter l'écueil d'un développement technologique débridé au détriment d'autres secteurs clés de la transition écologique. En 2023, l’agriculture durable en France n’a reçu que 4 milliards d’euros d’aides publiques, soit près de 30 fois moins que le plan IA.

Le véritable enjeu dépasse la simple performance technologique. Il s'agit de démontrer qu'une autre voie est possible, où innovation rime avec responsabilité écologique.

Mais la question fondamentale demeure : une IA véritablement durable est-elle atteignable, ou ne fait-on que repousser l'échéance d'une crise énergétique annoncée ?