Tout comprendre des normes ESRS en 5 points clés
Les normes ESRS sont des règles visant à encadrer la réalisation du reporting extra-financier imposé par la CSRD. Explications.
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La double matérialité est une extension du principe de matérialité. Elle incarne une nouvelle dimension de l’exercice de reporting, auparavant fondé sur la seule performance financière. De fait, au regard de l’importance croissante des enjeux sociaux et environnementaux, ces derniers sont désormais considérés comme indispensables à l’évaluation de la performance globale d’une entreprise.
Fondement de la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) entrée en vigueur le 1er janvier 2024, la double matérialité inquiète. Peu familières de cet exercice qui vient bouleverser le reporting tel qu’il existe depuis de nombreuses années, les entreprises s’interrogent quant à la manière de procéder à cette analyse de double matérialité.
Plus en détail, en quoi consiste le concept de double matérialité ? Quels sont les principes la régissant ? Qu’est-ce qu’une analyse de double matérialité ? Les étapes à suivre ?
Explications.
Le principe de double matérialité est un concept visant à allier la matérialité financière à la matérialité d’impact, dans le cadre de l’évaluation de la performance d’une entreprise. En d’autres termes, elle place les performances financières, sociales et environnementales sur un pied d’égalité.
L’analyse de double matérialité repose sur l’étude de deux perspectives distinctes mais complémentaires :
Le but de l’analyse de double matérialité est d’identifier les enjeux auxquels une organisation fait face, mais aussi de les prioriser. Or, cette qualification d’ordre prioritaire repose sur la prise en compte des dimensions financières, sociales et environnementales de chaque problématique. Il s’agit de se concentrer en priorité sur les questions importantes pour l’ensemble des parties prenantes. Non pour une seule d’entre elles.
À l’origine, la matérialité est un principe qui consiste à identifier et définir les principaux enjeux d’une entreprise et de ses parties prenantes.
Comme nous venons de le voir, la perception de ce qui devait être intégré à cette notion de matérialité a évolué avec le temps. D’abord cantonné à la sphère financière, le concept de matérialité devait permettre aux actionnaires d’évaluer le risque d’investissement au sens comptable et juridique.
À la fin des années 1990 cependant, une première mue s’est opérée. Le concept de matérialité a alors commencé à s’étendre au-delà du champ des investisseurs : les consommateurs notamment ont fait l’objet de considérations nouvelles. Ce fut le début de l’essor de la transparence.
Puis, en 2006, la Global Reporting Initiative (GRI) a intégré pour la première fois la matérialité à ses lignes directrices (les fameuses “G3”), lesquelles encadrent l’élaboration de rapports de développement durable.
NB : Les normes de reporting GRI ont été actualisées par la suite en 2016.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas la première fois que l'on parle de double matérialité. La NFRD (2014) évoquait déjà ce principe. Plus spécifiquement, les “Lignes directrices sur l’information non financière” publiées en 2019 inscrivait le concept de double matérialité dans le cadre de ses recommandations.
Ce qui a véritablement changé avec la CSRD, c’est que la double matérialité est devenue incontournable dans le cadre de l’exercice de reporting. Il s’agit maintenant d’une obligation à proprement parler.
Au sens de la CSRD, l’analyse de double matérialité est régie par 3 règles.
Si vous souhaitez vous faire une idée de ce en quoi consiste une analyse de double matérialité, vous pouvez consulter l’exemple fourni par l’entreprise Sanofi.
Celle-ci détaille notamment les trois étapes du processus qu’elle a suivi, ainsi que la matrice de double matérialité qu’elle a obtenue à la fin de son travail d’analyse.
Attention toutefois : ceci est un exemple. Les résultats obtenus par cette entreprise ne reflètent pas nécessairement la réalité de ce que sera votre propre matrice de double matérialité.
Cette première étape consiste à définir le déroulé et les moyens mobilisés dans le cadre de l’analyse de double matérialité.
Un conseil : servez-vous des normes ESRS pour vous aiguiller. Celles-ci vous aideront à :
Principale difficulté à ce stade : ne rien oublier. Soyez vigilants vis-à-vis de la chaîne de votre entreprise, qui regorge certainement d’impacts sociaux et environnementaux indirects. Vous pouvez tenter d’identifier vos enjeux comme relevant de la matérialité d’impact ou de la matérialité financière. Sachez toutefois que ces deux catégories se recouperont souvent.
Une fois ce travail effectué, listez les interlocuteurs internes vers qui vous devez vous tourner pour l’évaluation des enjeux de double matérialité.
Commencez à recenser les informations dont vous disposez déjà pour votre analyse, et celles dont vous avez besoin. Pensez aussi à élaborer vos outils d’évaluation en amont. Pour vous aider, n’hésitez pas à recourir aux grilles de scoring fournies par l’EFRAG.
À partir des premiers éléments ainsi regroupés, vous allez pouvoir procéder à l’évaluation de la double matérialité des enjeux identifiés. Dans la pratique, ceci passera par l’organisation d’entretiens et d’ateliers avec vos collaborateurs en interne. Ils vous permettront de développer une vision exhaustive de chaque problématique.
Une fois l’évaluation interne achevée, définissez la liste des parties prenantes avec qui vous devez prendre contact.
On distingue deux types de parties prenantes :
NB : Les utilisateurs de l’information peuvent être les pouvoirs publics, les partenaires commerciaux et sociaux, les investisseurs, la société civile, ou encore les syndicats.
Comme pour l’étape suivante, la préparation des échanges est essentielle. Élaborez en amont les questions, les thèmes et les métriques. Pour vous aiguiller dans cette démarche, sachez qu’il existe trois types d’information que vous devez absolument recueillir : les perceptions, les préoccupations et les attentes prioritaires des parties prenantes. Cette catégorisation vous aidera grandement dans le travail de synthèse qui s’ensuivra.
Dans la pratique, la consolidation des résultats consiste à enrichir l’évaluation interne de double matérialité grâce aux échanges avec les parties prenantes. Il s’agit d’harmoniser l’ensemble, de mettre en lumière les éventuels écarts, et d’identifier les leviers d’action possibles.
À l’issue de cette dernière étape, vous devez disposer d’un support de présentation finalisé - matrice de double matérialité ou autre - ainsi que du rapport détaillant l’analyse et les résultats.
Nous vous accompagnons dans la réalisation de votre reporting CSRD. Contactez nos experts sans tarder !