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Taylor Swift, le Eras Tour et le volet environnemental
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Data Stories...Taylor Swift, le Eras Tour et le volet environnemental

Taylor Swift, le Eras Tour et le volet environnemental

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Taylor Swift et le Eras Tour ont souvent été critiqués sur le volet de leur impact environnemental. Mais que disent les chiffres ?
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2024-04-08T00:00:00.000Z
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Important : les pistes de réflexion avancées dans cette data story doivent être considérées en tant que telles et uniquement en tant que telles. Il ne s’agit en aucun cas de solution clé-en-main à appliquer sans examen préalable de leurs tenants et aboutissants, chaque organisation ou individu souhaitant réduire son empreinte devant en effet tenir compte de divers critères et variables propres à sa situation. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Greenly prône l’importance d’un accompagnement expert dans l’élaboration de toute stratégie environnementale et/ou de transition bas-carbone.

À moins que vous n’ayez vécu dans une grotte, vous avez probablement entendu parler du Eras Tour – autrement dit, la tournée de concerts de Taylor Swift qui prévoit de traverser les cinq continents, à l’occasion de 152 spectacles. 

La chanteuse a beaucoup attiré l’attention des médias depuis le début de cette tournée, notamment en raison de sa capacité à stimuler l’économie locale, aux États-Unis comme en Australie. Des effets similaires pourraient d’ailleurs être notés dans le cadre de la tournée Eras en Europe, cet été

Qu’on l’apprécie ou non, l’impact économique et culturel de Taylor Swift est indéniable. Les fans de cette dernière se démènent afin d’assister à la tournée Eras, quand bien même il faudrait pour cela parcourir des milliers de kilomètres depuis chez eux - ce qui a d’ailleurs inspiré des voyages sur le thème de Taylor Swift, à l’image d’une croisière au départ des Bahamas, qui devrait prendre la mer courant 2024. 

L’effet Taylor Swift ne s’arrête pas là cependant, puisqu’il influence aussi le domaine politique. Beaucoup estiment que l’artiste pourrait avoir une influence sur la potentielle réélection de Joe Biden.

Ceci étant dit, c’est sur un tout autre sujet que nous avons choisi de nous pencher. Dans cette data story, nous analyserons certains aspects de l’impact environnemental estimé du Eras Tour, l’influence de Taylor Swift à son égard - mais pas que - ainsi que les divers leviers qui pourraient permettre de rendre ces rendez-vous plus durables à l’avenir.

Taylor Swift et l’impact environnemental du Eras Tour

Au regard de l’influence qui est la sienne, certains s’interrogent quant à la raison pour laquelle Taylor Swift ne contribue pas à attirer l’attention sur une catastrophe pourtant désormais bien connue : le changement climatique.

Fin 2023, Olivia Wilde avait suscité la controverse après sa sortie - laquelle faisait sans doute allusion à la nouvelle relation de Taylor Swift avec la star de la NFL, Travis Kelce, résidant à Kansas City : “J’aimerais que Taylor Swift soit amoureuse d’un climatologue”. 

De fait, sur 3 mois, la presse évaluait alors à 138 tCO2e l’impact carbone des déplacements opérés par Taylor Swift pour rendre visite à son petit ami. 

Alors que le Eras Tour s’apprête lui-même à sillonner le monde, la pression s’accroît progressivement sur la chanteuse qui n’est pourtant pas la seule coupable dans cette affaire. Dans cette data story, nous examinerons ainsi certains des principaux impacts environnementaux liés au Eras Tour, comme :

  • L’empreinte carbone de Taylor Swift au cours des deux premières étapes (États-Unis et Amérique du Sud) de la tournée (notamment liée à l’usage de son jet privé) ;
  • Les émissions générées par le transport des spectateurs en avion, en voiture et en train – en supposant que 50 000 personnes assistent à chaque concert ;
  • L’impact de l’achat des bouteilles d’eau plastique aux concerts, en l’absence de possibilité d’apporter des bouteilles réutilisables (en utilisant une base de référence de 40 000 personnes par stade et 1 bouteille par personne) ;
  • L’impact de l’achat de goodies à l’image des t-shirts et en supposant que 50 % des spectateurs de concerts achètent un t-shirt ;
  • Un résumé des risques liés aux crédits carbone du Eras Tour. 

Le jet privé de Taylor Swift et les émissions associées 

Fin 2023, Taylor Swift est officiellement devenue milliardaire. Une nouvelle qui n’en est pas vraiment une. Si ce n’est que les atouts offerts par ce statut, combinés au poids de sa renommée semblent avoir amené la star et/ou son entourage à décréter que l’hypothèse de séjourner à l'hôtel est désormais exclue, et que les voyages doivent systématiquement se faire via jet privé.

Selon Business Insider, le jet privé de Taylor Swift aurait passé environ 166 heures dans les airs pendant la seule étape américaine du Eras Tour. 

Pour rappel, Taylor Swift a deux jets privés : le N621MM et le N898TS - respectivement des modèles Falcon 7X et 900LX de Dassault. L'un d’entre eux est utilisé pour aller aux concerts et en revenir, et l’autre est utilisé comme base à Nashville, où l’entreprise de Taylor Swift est enregistrée. 

Ces jets privés peuvent se déplacer à des vitesses plus élevées que les jets commerciaux.

À titre indicatif, au-delà de la vitesse exceptionnelle des jets privés, les avions appartenant à des célébrités comme Taylor Swift ont souvent l’autorisation de voler à 50 000 pieds - ce qui aide à dépasser les voyages commerciaux et ainsi raccourcir le temps de vol.

Une grande partie de la controverse liée à l’utilisation du jet privé de Swift se concentre sur ses voyages jugés inutiles. Par exemple, Swift a été aperçue alors qu’elle voyageait de Buenos Aires à New York du 12 novembre 2023 au 17 novembre 2023, avant le début des spectacles prévus à Rio, dans le cadre du volet sud-américain du Eras Tour. 

Tout au long de sa tournée aux États-Unis au printemps 2023, Swift a également fait des allers-retours entre la ville où elle se produisait et sa résidence à New York – peut-être aussi pour revenir au studio Electric Lady Music, là où elle enregistre son prochain album.

Il est important de noter que les calculs suivants ont été effectués avant que Swift ne vende son jet privé Falcon 900LX en février 2024. Autrement dit, le jet qu’elle utilisait pour la majorité de ses voyages long-courriers sur les différentes étapes américaines et sud-américaines du circuit Eras.  

  • Ainsi, au cours de l’étape américaine du Eras Tour, Swift aurait parcouru environ 37 053 miles (59631 km), avec une empreinte carbone avoisinant 77,5 tonnes de CO2e. En supposant qu’elle ait volé sur son jet plus lent - le N898TS - ceci équivaut à 112,6 heures de vol pour les seules deux premières étapes du Eras Tour (ceci n’incluant pas les utilisations autres, quand elle n’est pas en tournée à proprement parler).*
  • Au cours de la tournée sud-américaine du Eras Tour, Swift a parcouru environ 29431 miles (47365 km), pour une empreinte carbone estimée à 61,6 tonnes de CO2e.
  • Les deux premières étapes du Eras Tour auraient donc vu Taylor Swift parcourir 66 484 miles (106996 km), pour un total d’émissions de 139,1 tonnes de CO2e. Or, rappelons que le Eras Tour est encore loin d’être achevé. Ce qui signifie que l’empreinte carbone ne peut que s’alourdir dans les semaines à venir. Et pour cause : Taylor Swift a acheté une maison dans le nord de Londres en décembre 2023. Maison qu’elle utilisera probablement comme “base” pour sa tournée en Europe à l’été 2024. Or, si elle effectue ainsi des allers-retours après chacun de ses concerts, la facture carbone risque d’être salée.

* Encore une fois, cette étude a été menée avant que Swift ne vende son Falcon 900LX (NS898TS) – il a depuis été vraisemblablement aperçu affrétant un Bombardier Global 6000 via Vista Jet (suivi sur Flightradar24 sous le nom de Vista Jet 993) pour les étapes asiatiques et australiennes du Eras Tour.

L’empreinte carbone des spectateurs 

Si l’empreinte carbone générée par Taylor Swift est évidemment regrettable, imputer à cette dernière l’entière responsabilité de l’impact lié au Eras tour ne serait pas tout à fait juste. Sachez, en effet, que ses millions de spectateurs contribuent malheureusement à l’équation.

D’une certaine façon, Taylor Swift “encourage” d’ailleurs ses fans à voyager. Aux États-Unis, par exemple, ses concerts n’ont pas fait escale partout, ce qui a persuadé les plus déterminés des admirateurs de Taylor Swift à se rendre là où cette dernière se produisait.

Autre exemple : les dates de Taylor Swift en Océanie ne couvrent que les villes de Melbourne et Sydney. Pour se faire une idée, la demande de vols vers ces destinations est devenue telle que Air New Zealand a pris la décision de proposer plus de liaisons entre la Nouvelle-Zélande et l’Australie, spécifiquement à l’occasion du Eras Tour.

Sur une note plus positive, Swift stimulera certainement le tourisme en Europe à l’été 2024 - de nombreux Américains prévoyant de voyager jusqu’au Vieux Continent pour assister à des spectacles supplémentaires, quand bien même ils y auraient déjà assisté à l’occasion de la tournée américaine. Quoi qu’il en soit, les « Swifties » (le nom des fans de Swift) sont prêts à tenir la distance.

Seulement voilà : si le versant économique de cette réalité est plutôt favorable, le volet écologique, lui, est désastreux.

Afin d'illustrer l'impact que pourrait avoir ce type de scénario, Greenly a souhaité observer les tendances qui se dessinaient au sein d'un échantillon de 143 spectateurs pris au hasard et devant assister aux concerts de Lyon, les 2 et 3 juin prochains. 

  • Sur cet échantillon, la répartition était la suivante : 23 personnes résident déjà sur place (16,1 %), 37 viendront en train (25,9 %), 45 en avion (31,5 %) et 29 en voiture (20,2 %). Enfin, 9 personnes prévoient d’emprunter plusieurs modes de transport (6,3 %).
  • En utilisant les facteurs d’émission de l’ADEME, l’impact environnemental lié au transport des spectateurs peut être décomposé comme suit.

Attention : cet échantillon n’est pas représentatif de la totalité du public qui assistera au concert sur les deux dates lyonnaises. L’objectif n’est pas d’avancer un chiffre au hasard, mais de sensibiliser le public au fait que prendre l’avion n’est pas un geste anodin du point de vue du climat. Or, on observe sur un échantillon même très petit que la proportion de spectateurs susceptibles de prendre l’avion est déjà non négligeable. Si ces tendances étaient confirmées à l’échelle de l’effectif total, cela induirait un impact carbone colossal - totalement disproportionné, alors que nous devons dès à présent et collectivement nous efforcer de réduire notre empreinte carbone au maximum. Admettons qu’environ un tiers d’un stade de 50 000 personnes effectue un trajet de 500 km seulement en avion : on compterait déjà environ 2000 tonnes de CO2e relâché dans l’atmosphère.

  • Autre aspect : l’achat de goodies crée également une empreinte carbone considérable. Selon certaines sources, les ventes de goodies imputables à Taylor Swift auraient représenté 200 millions de dollars américains en 2023. Or, un t-shirt en coton équivaut à 5,2 kilogrammes (environ 11,5 pounds) de CO2e. Par conséquent, si nous supposons que la moitié des spectateurs d’un stade de 50 000 personnes achètent un t-shirt, cela équivaut à 130 000 kilogrammes (environ 287 500 pounds) de CO2e. Sur les 152 spectacles du Eras Tour, on compterait donc 19,760,000 kilogrammes (environ 43 700 000 pounds) de CO2e.
  • La fast fashion constitue un énorme problème en général - pas seulement sur le Eras Tour. Toutefois, il est vrai que les fans qui achètent de nouvelles tenues spécifiquement pour le spectacle achètent souvent des vêtements de mauvaise qualité, faits de matériaux pauvres, et qu’ils ne porteront que rarement - voire plus jamais. 
  • Autre point : plusieurs salles de concert ne permettent plus d’entrer avec une bouteille d’eau réutilisable. Par conséquent, si nous supposons que dans un stade de 40 000 personnes, chaque personne achète une bouteille d’eau en plastique de 16 onces (500 ml), cela induit une empreinte carbone supplémentaire de 33 000 kilogrammes (73 000 livres).*

* Pour des raisons évidentes de sécurité, il n’est évidemment pas question de dire que les spectateurs doivent se priver d’eau - bien au contraire. Toutefois, il est indéniable que le recours aux bouteilles d’eau au format plastique n’est pas une solution enviable du point de vue strictement environnemental. En ce sens, la recherche de solutions alternatives par les organisateurs s’avérerait peut-être intéressante.

Éclairage, équipement et scène

Un concert aussi important que le Eras Tour nécessite une configuration exceptionnelle, impliquant le recours à de nombreux chauffeurs de camion pour acheminer le matériel. Taylor Swift a d’ailleurs accordé à ses chauffeurs une énorme prime de 100 millions de dollars. Chaque conducteur a reçu entre 5000 à 10 000 $ US.

À titre indicatif, le Eras Tour dure plus de 3 heures, ce qui est beaucoup plus long que la plupart des représentations de ce type. Concrètement, le Eras Tour consomme donc plus d’énergie. Pour autant, la tournée Music of Sphere de Coldplay (qui a fait la une des journaux pour ses efforts en matière de durabilité) a démontré qu’il était tout à fait possible de réduire l’impact environnemental d’un tel événement. Plus précisément, Music of Sphere est parvenue à réduire ses émissions de 47 %.

Pour se faire, Coldplay a employé diverses stratégies parmi lesquelles l’emploi d’un plancher d’énergie cinétique absorbant donc l’énergie créée par les spectateurs. Une pratique qui serait d’autant plus applicable au Eras Tour que les fans de Swift ont déjà prouvé qu’ils pouvaient bouger suffisamment pour générer un tremblement de terre à Seattle.

NB : Utiliser une scène 360 degrés comme l’a fait Ed Sheeran à l’occasion de sa propre tournée constitue aussi une piste intéressante, car cela permet à l’artiste de vendre plus de sièges et de maximiser le potentiel  de chaque performance - ce qui réduit finalement le nombre de concerts à organiser.

Les sites de réservation et la consommation d’énergie

En juillet 2023, plus de 900 000 personnes en France se trouvaient dans les starting blocks, connectés à leur ordinateur, afin de décrocher un billet pour les 4 spectacles parisiens du Eras Tour.

En admettant qu’un ordinateur portable moyen consomme environ 30 à 70 watts d’électricité par heure, et que le parcours pour obtenir des billets a généralement pris un minimum de 2 heures, cela signifierait qu’environ 90 MWh d’électricité* auraient été consommés par les Swifties, et ce, uniquement pour les dates à Paris (ce chiffre a été calculé en utilisant la moyenne de 50 watts d’électricité par heure). 

* Il est important de noter que nous ne pouvons pas attribuer toutes ces émissions à Taylor Swift et à sa tournée, car les gens sont susceptibles de faire plusieurs choses en même temps, tandis qu’ils patientent dans la file d’attente virtuelle permettant d’acheter les billets – travailler à distance, regarder des vidéos, faire du shopping en ligne, consulter les réseaux sociaux, etc. 

Hausse des températures et dimension éthique 

Le Eras Tour ne peut malheureusement échapper à certaines réalités. Ana Clara Benevides - une fan brésilienne - est ainsi morte d’épuisement lié à la chaleur, à l’occasion de l’un des spectacles de Rio.

Les températures enregistrées pendant le concert auquel Ana Clara Benevides avait assisté dépassaient les 39 °C - le ressenti, lui, était plutôt de 59 °C. En outre, les témoignages d’autres spectateurs ont par la suite mis en lumière une série de problèmes : par exemple, l’eau n’était pas autorisée au sein de la salle en question. 

Il aura hélas fallu que le décès d’Ana Clara Benevides survienne pour que les bouteilles d’eau soient finalement autorisées, et que le ministre de la Justice Flávio annonce que les festivals et les concerts semblables au Eras Tour devront désormais octroyer un accès sûr et gratuit à l’eau potable.

Certes : les bouteilles d’eau et leurs bouchons ont été interdits ces dernières années pour des raisons de sécurité - afin d’empêcher les spectateurs de jeter des bouchons de bouteille aux artistes. Toutefois après ce qui s’est passé à Rio, il apparaît primordial pour les salles de concert de chercher à présent un juste milieu, car les problématiques liées à la chaleur extrême vont se multiplier dans les années à venir.

En l’état, à l’occasion de ce fameux spectacle, Taylor Swift en est venue à devoir elle-même jeter des bouteilles d’eau dans le public – ce qui illustre tristement le manque d’anticipation quant aux conditions dans lesquelles le concert devait avoir lieu. L’artiste a aussi momentanément arrêté le concert pour s’assurer que les fans trouvaient à boire. Elle avait, par ailleurs, semblé avoir elle-même du mal à respirer aux alentours de la fin du show.

Malheureusement, la tragédie qui s’est produite à Rio illustre la triste réalité des températures extrêmes à laquelle l’Humanité va devoir faire face dans les années à venir. Une réalité au sujet de laquelle Taylor Swift pourrait contribuer à alerter, notamment au regard de son influence. Une influence réelle, parfaitement illustrée dans le cadre de la présidentielle américaine de 2024.

De manière plus générale, Taylor Swift et d’autres superstars d’envergure mondiale vont devoir eux aussi s’adapter, s’ils veulent continuer à se produire de cette manière. Des précautions plus sérieuses devront être prises pour assurer la sécurité des spectateurs. De manière analogue, ces mêmes spectateurs doivent non seulement être sensibilisés à ces nouveaux risques, mais aussi à la nécessité de contribuer à limiter les effets du changement climatique pour atténuer au mieux lesdits risques

NB : Indépendamment du volet sécuritaire qui doit bien sûr aussi être pris en considération, autoriser la nourriture extérieure, les tupperware et les bouteilles d’eau réutilisables au sein d’un stade pourrait contribuer à limiter les déchets et prévenir les évanouissements. En outre, il pourrait s’avérer efficace de sensibiliser et faire passer des messages de prévention au préalable, afin d’encourager la vigilance collective à l’égard des malaises susceptibles de se produire pendant le spectacle.

Les efforts philanthropiques et de réduction des émissions 

Taylor Swift n’est pas épargnée sur le volet de son impact écologique. Plus précisément, Swift fait l’objet d’une surveillance exceptionnelle de la part des médias et autres, notamment en ce qui concerne son utilisation excessive des jets privés. 

Cependant, les efforts environnementaux de Taylor Swift ne sont pas totalement inexistants. À l’insu de la plupart des gens, Taylor Swift a ainsi acheté des crédits carbone afin de “compenser” les émissions de sa tournée. 

Problème : les efforts de la star demeurent pour l’heure cantonnés aux crédits carbone, qui ne peuvent se suffire à eux-mêmes. D’une part, il est difficile de s’assurer que la quantité de crédits carbone vendus pour un projet n’est pas surestimée. D’autre part, il est aussi nécessaire de s’assurer que ces derniers répondent à des critères pertinents. Des organismes accrédités sont supposés certifier, entre autres critères, que les calculs et la méthodologie utilisés sont valides et robustes. De même, les certificateurs sont eux aussi théoriquement soumis à des contrôles croisés, pour garantir la fiabilité de leurs étiquettes, tant sur le plan social qu’environnemental. 

En ce sens, il est conseillé d’opter pour des projets certifiés par des tiers fiables (par exemple, des entités publiques), qui fournissent de manière transparente des détails sur les critères et utilisent des méthodologies reconnues. Pour autant, il est à noter que dans ce domaine encore relativement récent, la méthodologie elle-même est parfois encore sujette à débat.

À ce stade, Taylor Swift n’a pas communiqué de détails quant à la typologie de compensations achetées. Ce qui crée bien sûr un problème de transparence, et ne permet pas de juger de la pertinence de son initiative. 

En outre, peu importe la quantité ou le type de crédits carbone, car ils n’annuleront pas les émissions de gaz à effet de serre créées. Même en achetant des millions de crédits carbone, Taylor Swift n’annulera pas son empreinte carbone. Tel que présenté, le message est même contre-productif, car il sous-entend que même si Taylor Swift pollue, c’est « OK puisque j’achète des crédits carbone ». 

D’ailleurs, la même logique s’applique aux entreprises. La « compensation » des émissions (ou contribution carbone) ne permet pas à quelqu’un de polluer davantage. Les crédits carbone et les crédits compensatoires doivent servir de supplément à ceux qui tentent déjà et avant toute autre chose de réduire activement leurs émissions. Pour produire son effet, la contribution carbone doit servir à “compenser” les émissions résiduelles - celles que l’on ne peut véritablement pas éviter. Faute de quoi, la quantité d’émissions de gaz à effet de serre générées est beaucoup trop importante comparativement à l’apport des projets de contribution carbone.

Ajoutons toutefois que l’empreinte carbone du Eras Tour ne saurait se cantonner aux voyages de Taylor Swift et de ses fans. D’autres aspects de la tournée, comme la garde-robe, pourraient faire l’objet d’un véritable travail, qui permettrait par ailleurs d’encourager et promouvoir les bonnes pratiques au sein de cette industrie - souvent décriée, elle aussi. À titre indicatif, sur la tournée du Eras Tour, Taylor Swift change de costume pas moins de 12 fois, et beaucoup de ses tenues sont personnalisées.

Certes, Swift a fait un effort pour promouvoir la durabilité par le passé. Par exemple, en s’associant à Stella McCartney pour développer durablement ses looks Lover Era. Hélas, on ne peut pas en dire autant de la majorité des costumes de sa tournée Eras. 

Les marques que Swift a recrutées pour organiser sa garde-robe Eras Tour comprennent Versace, Zuhair Murad, Oscar de la Renta, Roberto Cavali, Alberta Ferretti, Ashish, Nicole + Felicia et Etra. Or, parmi ces 8 marques, seules Versace et Zuhair Murad ont partagé leur engagement en faveur de la durabilité.

Par conséquent, nous pouvons supposer que beaucoup des matériaux utilisés pour fabriquer les tenues ne sont pas produits de manière éthique, et contribuent davantage à l’empreinte carbone du Eras Tour ou, à tout le moins, ne contribuent pas à la réduire.

NB : Une piste intéressante pourrait consister à proposer des stations d’impression pop-up dans les salles de concert - semblables à celles de 1975 pour les quatre spectacles « sans carbone » à l’O2 Arena de Londres. Ceci permettrait aux fans de créer leurs propres goodies à partir de vieux t-shirts. 

À ceci et pour être totalement juste, il faut toutefois ajouter que Taylor Swift n’est ni étrangère à la philanthropie, ni totalement sourde aux désastres climatiques. Des dons importants ont déjà été versés suite à des catastrophes environnementales. À la suite de tornades particulièrement violentes, un million de dollars ont ainsi été offerts à Nashville, sa ville d’adoption.

Pistes de réflexion

Il ne fait aucun doute que le Eras Tour a un impact environnemental. Heureusement, il existe de nombreuses idées qui pourraient aider à le réduire – en répartissant l’effort entre l’artiste, les lieux d’accueil et les spectateurs eux-mêmes.

Le premier axe consisterait évidemment à traiter la question des déplacements de Taylor Swift, tout au long de la tournée. 

En limitant les allers-retours entre son lieu de résidence et les villes où se déroule le show, tout d’abord. Puis en limitant l’usage pur et simple de son jet privé. À titre illustratif, en février 2024, Taylor Swift a quitté Tokyo pour revenir à temps pour le Super Bowl LVIII à Las Vegas le 12 février. Moins de 48 heures plus tard, elle a fait demi-tour pour reprendre le Eras Tour en Australie. 

En l’espace d’une semaine, Taylor Swift a donc parcouru 8 900 km (5 530 milles) de Tokyo à Vegas, puis 12 776 km (7 933 milles) de Los Angeles à Melbourne. Total estimé de la facture carbone : 90 tonnes d’émissions. Or, en tout état de cause, ce voyage était parfaitement superflu. Aussi, l’une des meilleures solutions consisterait à ce que Swift modère le nombre et la distance de ses vols long-courriers largement évitables. 

Pour autant, le recours au jet privé reste controversé et ne laisse que peu de place à une solution véritablement viable. Toujours en février 2024, l’équipe juridique de Swift a menacé un étudiant de Floride, Jack Sweeny, qui souhaitait partager des informations concernant ses voyages en jet privé via X (ex Twitter). Elon Musk a d’ailleurs déjà banni Sweeny de X pour avoir affiché l’utilisation d’avions privés par d’autres célébrités - mettant en avant la question de leur sécurité. Les avocats de Taylor Swift estiment eux aussi que partager de telles informations pourrait encourager le harcèlement.

Toutefois, il est à noter que Sweeny a partagé la quantité approximative d’émissions liées à chaque vol via ses réseaux sociaux, en se fondant sur des informations de vol divulguées de manière publique. Une question se pose donc : les célébrités telles que Taylor Swift sont-elles vraiment préoccupées par leur sécurité, ou plutôt par la divulgation d’informations concernant leur impact écologique ?

De fait, l’équipe de Swift semble avoir décidé elle-même de rendre publiques les données relatives à son vol de Tokyo à Las Vegas sur FlightRadar24. En ce sens, Taylor Swift ne semble pas totalement rétive à l’idée que les données sur ses vols soient partagées.

Bien sûr, les choses seraient déjà moins polémiques si Taylor Swift acceptait de prendre un vol commercial, mais beaucoup invoquent la problématique liée à sa sécurité. Si Taylor Swift ne peut même pas sortir de son appartement de Tribeca à New York sans être assaillie par la foule, comment pourrait-elle se sentir en sécurité sur un vol long-courrier dépourvu d’issue avant l’atterrissage ?

Un argument qui fait débat malgré tout, quand des personnalités publiques telles que Ryan Reynolds, Matt Damon ou encore Ed Sheeran sont vus à bord de vols commerciaux. 

Or, si Swift pouvait les imiter (sans compromettre sa sécurité, évidemment), elle pourrait déjà réduire considérablement ses émissions - même en volant en première classe. Ceci, toutefois, impliquerait également que les fans de la star consentent à respecter davantage son espace privé. De fait, si cette dernière se sentait davantage en sécurité, peut-être serait-elle plus encline à envisager la possibilité de reprendre les vols commerciaux.

NB : sur un tout autre volet, Taylor Swift pourrait aussi certainement profiter de son statut de milliardaire pour créer un fonds climatique et ainsi aider les pays en développement à s’approvisionner en énergie renouvelable. 

En guise de conclusion, soulignons que Taylor Swift dispose à présent d’un véritable empire qui se pliera à sa volonté. Les changements qu’elle pourrait apporter ou encourager via un seul de ses commentaires sont nombreux. Espérons donc qu’elle le fera très bientôt.

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